Nous avons demandé à Claire Luchini de nous éclairer sur la méthode OCARA du cabinet Carbone 4, qui permet aux entreprises d’identifier, prévenir et s’adapter aux risques liés au défi climatique.
Dans un contexte de changement climatique accéléré, la résilience devient un enjeu stratégique pour les entreprises. Claire Luchini, consultante en transition écologique, nous présente la méthode OCARA — un outil pragmatique et open source, à l’utilisation duquel elle a été formée, qui permet d’évaluer la vulnérabilité des organisations face aux aléas climatiques. Lors d’un entretien mené par l’équipe de l’ASD, elle partage sa vision et des exemples concrets pour inspirer l’action.
Qu’est-ce que la méthode OCARA ?
OCARA (Operational Climate Adaptation and Resilience Assessment) est une méthode développée par le cabinet Carbone 4. Elle aide les entreprises à comprendre leur exposition aux risques climatiques et à structurer leur plan d’adaptation. La démarche comprend trois étapes :
1. Évaluer la résilience actuelle de l’organisation,
2. Analyser les scénarios climatiques futurs,
3. Élaborer un plan d’action structuré.
L’outil OCARA repose sur un fichier Excel robuste contenant une base d’aléas climatiques, de risques potentiels et de définitions permettant d’objectiver l’analyse.
Comment se déroule la mise en œuvre concrète ?
Un groupe projet interne et transverse est constitué. Les enjeux clés sont identifiés (ex. : processus critiques, sites sensibles), puis évalués en fonction de leur sensibilité aux aléas climatiques. L’analyse distingue ce qui est déjà résilient de ce qui nécessite une adaptation, aujourd’hui et à horizon 5-10 ans.
Pouvez-vous partager quelques exemples d’application ?
Et bien dans le domaine de la construction, une réorganisation des horaires de chantier afin d’éviter les pics de chaleur, va devenir de plus en plus nécessaire. L’industrie n’est pas en reste : chez Renault Trucks, des mesures telles que la surélévation des machines lourdes ou l’évitement des zones à risque d’inondation sont mises en œuvre pour limiter l’impact des aléas climatiques. Le secteur tertiaire, lui aussi, s’adapte en repensant l’accès aux bureaux afin de prendre en compte les éventuelles difficultés d’accessibilité quand les risques d’éboulement sur les voies ferrées et les routes se multiplient, ou bien en améliorant la ventilation pour mieux faire face aux vagues de chaleur. Enfin, dans le domaine agricole, la transition est soutenue par des initiatives comme celle de la fondation « 1% pour les animaux », qui accompagne les éleveurs souhaitant se reconvertir vers des cultures végétales, plus résilientes. Ces exemples montrent la diversité des réponses déjà engagées pour renforcer la résilience dans un grand nombre de secteurs d’activités. Et n’oublions pas que l’Europe est le continent qui se réchauffe le plus vite, selon les derniers chiffres de l’institut Copernicus et la Suisse connait déjà une élévation de ses températures de +2,7° depuis l’ère préindustrielle.
L’adaptation peut-elle conduire à un changement de stratégie ?
Oui. L’outil OCARA agit parfois comme un révélateur. Par exemple, certains marchands de glaces, confrontés à des températures extrêmes, renoncent à leur activité au profit de bars à jus car ils n’ont pas la capacité d’investir dans des équipements en congélation qui permettent de faire face à des vagues de chaleur de plus en plus élevés et récurrentes . De même, des agriculteurs envisagent un changement de modèle avant que la situation ne les y contraigne. La méthode aide à prendre conscience des risques structurels à venir et à anticiper des transformations majeures. En effet il est parfois nécessaire de changer son business modèle pour assurer la pérennité de son entreprise.
En quoi OCARA complète-t-elle les outils RSE existants ?
OCARA vient enrichir des démarches telles que la matrice de double matérialité ou les exigences de la CSRD en identifiant les impacts que le changement climatique a sur les entreprises. Elle se positionne comme un outil complémentaire, apportant une granularité utile aux analyses de risques climatiques souvent trop générales.
Quels sont les freins et leviers à son déploiement ?
Le manque de temps, la difficulté à se projeter dans le long terme, et une confusion entre adaptation et atténuation sont des freins fréquents. En revanche, les assureurs et investisseurs commencent à poser les bonnes questions : quelles mesures sont prises dans les organisations contre les aléas climatiques ? Cela crée un levier puissant, en particulier pour les entreprises exposées.
Par où commencer ?
La méthode OCARA est accessible en ligne. Pour initier la réflexion, Claire recommande de commencer par un atelier de sensibilisation (ex. AdaCC, Ateliers de l’adaptation aux changements climatiques), puis de lancer une première évaluation sur un périmètre pilote. Cela permet de structurer la démarche en douceur, de façon concrète et opérationnelle.
L’adaptation climatique n’est plus un choix, mais une condition de pérennité. La méthode OCARA offre aux entreprises un cadre accessible et rigoureux pour anticiper les risques, se renforcer et, parfois, se réinventer.
« Claire Luchini, conseil en développement durable, je vous accompagne et vous forme à la création et à la mise en œuvre de votre stratégie RSE. Mes atouts : mon expérience opérationnelle à divers postes de la chaîne de valeur, mes compétences de coordination de projets et mon positionnement de Manager RSE. Ma méthode : Comprendre, Analyser, Agir »